La
saga des Lifting Bodies |
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VIII.
La première plongée du M2F1 |
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Création/Mise à jour : 20/08/2003 |
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Sur la piste 17, la plus longue d’Edwards AFB, le 16 août 1963, à 7 heures du matin, par temps stable, le C-47 s’ébroue, tirant derrière lui à 300 m la première baignoire bientôt réellement volante. Quelques minutes plus tard, tout le monde est à 12 000 pieds. Après deux virages, à 9 000 pieds, le M2F1 est libéré. Il plonge comme prévu tel un parpaing, mais Milt Thompson le redresse et lui fait faire un arrondi magnifique. Il se pose sans avoir même utilisé les 6 secondes de fusée dont il dispose, en cas de mauvais positionnement. Le « vol » a duré 217 secondes seulement. Tournée générale pour Milt, le soir au domicile de Reed, qui ressemble ce soir là au Juanita, le plus gros bar de Rosamond, ou avaient lieu les "X-15 parties", après chaque vol du monstre (des noubas restées dans toutes les mémoires paraît-il). La bande « d’amateurs » a réussi son pari. Plusieurs vols se succèdent rapidement. En décembre, Chuck Yeager himself, qui traîne invariablement dans les parages, se joint à la partie. Comme à son habitude, il fait mieux que ses congénères, et stoppe l’appareil à l’atterrissage d’un grand coup de patin, pile-poil en face du camion radio suiveur. Et déclare en descendant à qui veut l’entendre vouloir faire à tout prix un tonneau avec ce « truc », qui semble vraiment beaucoup lui plaire. Ce qui lui est automatiquement refusé ! L’engin effectuera plusieurs sorties, avec divers pilotes, dont une qui voit ses roues arrières se détacher… à l’atterrissage. On les remplacera par des roues de Cessna 180, et le bidule à moignons d’ailes repartira après quelques semaines de réparation. |
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Un autre incident à relater se produit le 16 juillet 1965 : après le décollage, en tentant d’aligner le M2F1 avec le Dakota, le nouveau pilote, Jerry Gentry, tout juste de retour du VietNam, se retrouve la tête en bas… le fer à repasser vole enfin comme un fer à repasser ! La poignée au dessus ! Les occupants du C-47, en accord avec Gentry, décident de le larguer. Le pilote chevronné continue son vol inversé, effectue sa courbe de descente comme si de rien n’était, et au dernier moment effectue un redoutable tonneau qui plaque brusquement son fer à repasser directement au sol. Le frêle train s’effondre sous le nombre de « g », mais l’appareil et le pilote sont saufs ! La manœuvre est digne des plus grands as, et le programme sauvé ! Le 16 août 1966, il réédite l’exploit de voler à l’envers, mais cette fois se remet dans le bon sens bien avant d’effectuer sa descente. Ce spécialiste du Phantom, dont il est toujours le pilote d’essai (F4C et E), au même moment, n’a pas perdu ses réflexes de combat aérien au Nord VietNam ! |
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A cet instant précis, la preuve est faite que les lifting bodies sont des appareils viables : durant 4 années de tests intensifs, et 77 vols, il n’y a pas eu d’accident mortel, même si avec Gentry, le programme entier l’a échappé belle. La descendance peut alors éclore. La famille sera plutôt nombreuse : au seuil de l’année 1967, on sait désormais que le prochain véhicule spatial américain rentrera certainement « comme ça » de ses visites circumterrestres. Dans une dizaine d’années, tout au plus. Mieux encore : un entrefilet de presse (dans Mécanique Populaire N°248, page 80) nous apprend que les ingénieurs de l’USAF viennent d’inventer la « Zircolite », une porcelaine contenant du Zirconium qui, « soumise à 2000 °C pendant 280 heures est demeurée totalement intacte ». Le futur revêtement de la navette vient d’apparaître dans les creusets. Le problème du bouclier ablatif en résine phénolique qui se dégrade, et dégrade également les capacités aérodynamiques, s’estompe. Reste à affiner la forme de cette fameuse navette. Elle empruntera beaucoup aux 7 nouveaux modèles de flying bodies amenés à sillonner dans les mois à venir le ciel de Californie. Certains déclenchant enfin le bang sonique tant attendu.. |
Sources : Auteur de ce dossier : Didier Vasselle |
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