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La saga des Lifting Bodies
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IV. Un centre de test permanent
  Création/Mise à jour : 20/08/2003
I. Les fers à repasser volants XVI. Buran & Bor
II. Les sans papiers du desert XVII. Des projets Américano-Russes : HL-20 & HL-42
III. Des militaires plus intéressés par le Viet-Nam XVIII. Le retour des lifting bodies : le X-38
IV. Un centre de test permanent XIX. Le X-33 et le Venture Star
V. Un bricoleur de génie XX. La navette MAKS
VI. Décapotable et C-47 réquisitionnés XXI. X-34, X-37 et X-40A
VII. Une couveuse à génies XXII. La chute de Columbia
VIII. La première plongée du M2F1 XXIII. Le projet OSP
IX. Le M2-F2 et le Northrop HL-10 XXIV. Les lifting-bodies du futur
X. Un premier vol mitigé XXV. Les lifting-bodies du futur -Suite-
XI. Le M2F3, le X-24 et le mur du son XVI. ANNEXE : Les pilotes de lifting Bodies
XII. Le cauchemar russe XVII. ANNEXE : Caractéristiques des lifting Bodies
XIII. Les Martin X-24A & X-24B XVIII. ANNEXE : Le Martin X-23
XIV. L’hyper III : la flèche brisée XXIX. ANNEXE : Le Martin X-24 C
XV. Les lifting bodies Russes

 

Le Northop X-4, un des premiers appareil testé à Muroc

 

Dès les années 30, John Northrop, le maître des ailes volantes, y avait vu l’intérêt d’y tester ses énormes prototypes au décollage interminable…En 42, on y fit même des essais de bombardement de B-25, en construisant au sud du Muroc Dry Lake une réplique en … rondins de bois d’un cuirassé japonais type Atago. La réplique, nommée « Muroc Maru » ne survivra pas longtemps à la fin de la guerre : dommage, l’objet ressemblait davantage à un gigantesque mécano qu’à un cuirassé !

L’étonnant croiseur japonais en rondins de bois, construit en 1942 pour servir de cible d’entraînement aux B-25, comme celui qui le survole ici, et niché dans un coin du Rogers Dry Lake.

La petite histoire y a aussi retenu le bar de cette fille de caractère, Pancho Barnes, ou venaient s’abreuver Chuck Yeager et ses acolytes (c’est là que débute le film l’Etoffe des héros). De 1946 à 1953, y eurent lieu les grands débuts de l’aviation à réaction… et des moteurs fusées.

On y testera tout : les ailes volantes, bien sûr, chères au dessinateur Jacobs (Le secret de l’espadon de la série Blake et Mortimer) les avions à ailes repliables (X-5), les avions sans queue (X-4), les Migs fournis par les déserteurs Coréens, ou aujourd’hui encore les drônes les plus sophistiqués (DarkStar) ou les projets les plus secrets (le Ram Jet du X-15, qui équipe à coup sûr aujourd’hui les fameux "black program" pas encore officiellement révélés).

Belle brochette de X-Planes testés à Edwards : de gauche à droite et de bas en haut : Bell X1-A, Douglas D-558-1 Skystreak, Convair XF-92A, Bell X-5, Douglas D-558-2 Skyrocket, X4 Bantam et Douglas X-3 Stiletto (au centre).

 

Le X-15 atterit sur le lac salé de Muroc

 

La raison de cet afflux : des pistes de plus de 5000 m, ça ne se refuse pas quand on s’appelle le X-15, qu’on pèse 7,5 tonnes à vide, que l’on vient de franchir mach 6.7 à 357 000 pieds,… et que l’on cherche à atterrir en urgence en vol plané…Ou comme ce B1-B des années 90, aux ailes coincées en flèche, qui surgit un jour du fin fond Texas pour se répandre sur le limon, volets non sortis, à 500 km/h au toucher de roues !

En septembre 1961, on commence aussi à évoquer le retour à cet endroit du X-20 ou DynaSoar… Un projet d’avion spatial à un seul pilote qui rentrerait dans l’atmosphère pour se poser à l’horizontale. L’équipe de cosmonautes-pilotes a déjà été retenue (Henry, Knight, Rogers, Wood et Thompson). On a même déjà prévu ses points de chute : El Euthera, Ramey AFB, Barbados ou Fortaleza au Brésil ! Lancé à la verticale par une fusée, façon feu le projet français Hermès, qui lui a tout emprunté (sans trop le dire, mais les Chinois sont en train de faire pareil aujourd’hui avec leur projet 923-1 dévoilé à Hanovre l’année dernière).

A propos du DynaSoar, il faut aussi savoir que c’est Neil Armstrong en personne qui a testé la procédure d'atterrissage après défaillance du lanceur, à bord d’un Douglas F5D "Skylancer" acheté en 1961, par le centre de Dryden. Et savoir également que derrière ce projet se cachait également le vieux projet allemand de Eugène Sänger, « l’oiseau d’argent », un bombardier intercontinental propulsé par fusée, auquel Dornberger, le grand chef de Peenemünde, avait activement participé. Dornberger est alors régulièrement appointé à la Bell Aircraft : il n’y a pas que Von Braun à s’être rendu aux américains !

Vue d’artiste du projet DynaSoar : une mini-navette  lancée verticalement par une fusée Titan I (la plus puissante de l’époque).

 

Le X-5 sur le lac salé

 

On calcule, on calcule donc. Armés de leurs machines, mécaniques (les premières calculatrices électroniques n’apparaissent pas avant le milieu des années 60, et les ordinateurs sont encore des monstres à tubes qui marchent une minute sur une heure) les physiciens russes et américains qui s’intéressent à la balistique avancent à grande vitesse à cette époque. Il faut bien, quand une capsule Mercury ou Vostok rentre dans l’atmosphère à 28 000 km/h, vaut mieux savoir calculer la trajectoire.

Et qu’en sera -t-il quand Apollo, après un tour de Lune, foncera dans la stratosphère à 40 000 km/h. C’est à ça que sert le X-15 : avec ses 3000 degrés atteints à la surface de son cône de pointe, on a atteint les limites de ce que sait faire la technologie.

Vue d’artiste de la rentrée dans l’atmosphère de la capsule Apollo : les 3 cosmonautes de retour de la Lune vont affronter de plus grandes températures qu’avec les capsules Mercury ou Gemini.

Il y aurait peut-être d’autres solutions, commence-t-on à penser, car envoyer un truc de 110 m de haut et pesant 2 700 tonnes, pour au final récupérer seulement 4 tonnes et un cône de 3,63 m de haut, ça fait un peu déperdition.

Les calculs se concentrent sur la forme idéale: on pense à un engin au nez plutôt arrondi, qui serait porté par sa propre onde de choc, comme le XB-70 à la même époque, plutôt qu’un truc pointu à la X-15.

 

Les capsules balistiques qui devaient être remplacer par les lifting bodies

 

 

Les cosmonautes encaissent alors lors de leur rentrée balistique dans les couches basses de la stratosphère pas moins de 8.5 g. Et ce, sans pouvoir contrôler le lieu d’impact. L’appareil rêvé descendrait à 2 g seulement, ce qui offrirait aussi la possibilité de manœuvrer aux ailerons.

Et donc d’atterrir… où l’on souhaite. Enfin sur une piste de béton d’au moins… 3000 m, pour un maximum de sécurité. Dans la région, elles sont même naturelles et plus longues et resteront donc toujours moins cher qu’une armada de porte-avions et d’hélicoptères à déployer pour cueillir les cônes de rentrée des capsules spatiales qui tombent à l’eau à l’aveugle (les dernières atterriront presque sur le porte-avions, remarquez !).

Rentrée dans l’atmosphère d’Apollo 8 filmée d’un KC-135

Car à l'époque, ce qui revient cher, dans la conquête spatiale, c’est ce déploiement de forces nécessaires pour retrouver au plus vite ces satanées capsules Mercury, Gemini ou plus tard Apollo… qui ont tendance à viser les chalutiers espions soviétiques, à croire qu’elles le font exprès, quand elles ne coulent pas à pic au-dessus d’une fosse abyssale (Grissom, le 21 juillet 1961, et sa Liberty Bell, renflouée au large des Bahamas fin 1999), ou se perdent dans la nature (l’Aurora 7, le 24 mai 62,qui rate la cible de plus de 300 km, obligeant Scott Carpenter à barboter plusieurs heures dans l’atlantique… à peine sorti, l’hilarant cosmonaute revendique le statut « d’aquanaute ! »).

Sources :

Auteur de ce dossier : Didier Vasselle
Ressources online :
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