La
saga des Lifting Bodies |
|||
XIV.
L’hyper III : la flèche brisée |
|||
Création/Mise à jour : 20/08/2003 |
|
Le succès total des derniers X-24 ne suffit pourtant pas à rassasier nos chercheurs. Dans leurs cerveaux le concept d’Hyper III apparaît alors. Dick Eldredge y ajoute les progrès qu’il a pu faire sur les atterrissages guidés par parachute, l’aile Rogallo étant alors très à la mode (elle a failli servir à Apollo). On y ajoute les recherches de l’Université de Princeton, sur des ailes souples…. Et on obtient l’incroyable Hyper III, un triangle pointu censé dépasser les mach 6 en tunnel aérodynamique. Prosaïquement, le modèle réalisé pour les tests d’atterrissage est fait en assemblage de tube d’alu recouverts de dacron, cousu main ! Le nez est en fibre de verre, la queue en tôle d’alu, et une aile empruntée à un planeur HP-11 est fixée au-dessus, quand elle n’a pas ses ailes souples déployables. L’aile « du dessus » est orientable : en vol, elle est dans le prolongement du dessus plat du fuselage, à l’atterrissage elle pivote à 90°. L’engin est largué plusieurs fois, d’un hélicoptère piloté par l’homme à tout faire Peterson (un Sikorsky SH-3 de la Navy), après avoir été testé sur un camion plat, comme l’avait été le premier prototype avec la Pontiac. L’engin est piloté du sol par une radio-commande, ce qui induit quelques petits problèmes : en décembre 69 où on lieu les tests, une brume empêche le pilote de voir le planeur avant 1 000 m d’altitude. Fort heureusement, on récupère sa vision… juste avant l’atterrissage, pendant lesquels les deux modèles d’aile sont utilisés, au fur et à mesure. |
|
Toujours à l’affût des bonnes occases, Dale Reed propose au directeur d’Edwards de revendre le C-47 pour acheter aux surplus un Grumman SA-116B Albatros…qui grimpe plutôt bien, puisque le 4 juillet 1973, un exemplaire atteindra même 32 883 pieds. Un hydravion porteur de planeur supersonique, en plein désert, pourquoi pas, l’endroit en a bien vu d’autres ! Se produit alors un phénomène étrange : les responsables de la NASA trouvent que le projet est trop peu coûteux pour être sérieux ! Au seuil où la NASA commence à voir tomber les milliards de dollars pour le nouveau projet de navette, un planeur en toile et un hydravion datant de la guerre de Corée font trop « cheap ». Le projet de piloter un Hyper III en aluminium tombe à l’eau, si l’on peut dire. Ecœuré par sa propre hiérarchie, laminé par plus de quinze années de louvoiement avec la bureaucratie, Paul Bikle démissionne de la NASA le 31 mai 1971. Il a mené à bien tous les projets de Lifting Bodies, et on lui refuse le dernier ! Il y a d’autres façons de remercier la compétence ! |
Sources : Auteur de ce dossier : Didier Vasselle |
La saga des Lifting Bodies |