La
saga des Lifting Bodies |
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XVII.
Des projets Américano-Russes : HL-20 & HL-42 |
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Création/Mise à jour : 20/08/2003 |
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Dès 1983, les services secrets américains ont donc défini clairement le lifting body russe BOR repêché jusque dans la Mer Noire : ils savent également qu’il n’est qu’une maquette à l’échelle d’un vaisseau plus important, pouvant contenir une dizaine de personnes. Leurs espions leur ont aussi parlé des projets OK M1 et OK M2, deux mini-navettes de 2 à 4 passagers, et d’un vaisseau plus imposant (le futur Maks). Ils ont même reconstruit la forme de l’engin de la Mer Noire pour le tester en tunnel aérodynamique de Langley et constater qu’il est excellent, sinon meilleur que les leurs ! Aussi, lorsqu’ils cherchent à construire le véhicule de sauvetage de la future station spatiale américaine baptisée alors Freedom, recopient-ils cette forme… et retrouvent ainsi celle du HL-10 d’il y a 30 ans bientôt ! L’engin proposé, le CERV, pour Crew Emergency Rescue Vehicle sera donc baptisé logiquement le HL-20. 10 mètres de long pour 16 tonnes en charge, mis en orbite par une fusée Titan IIIC (façon DynaSoar). Le projet ira jusqu’à la maquette complète des aménagements intérieurs… jusqu’au jour où la station devenue Internationale (ISS), c’est un Soyouz qui est finalement retenu comme vaisseau de secours. Une décision politique-économique, destinée à ne pas froisser l’imprévisible Boris Eltsine. Deux billions de dollars auront été engloutis de 1983 à 1995 dans les études d’un appareil dit « low cost » au départ. On est loin, très loin, du Cessna comme unité de valeur ! Mais il est vrai aussi que l’accident de Challenger, en 86, a grandement favorisé la recherche sur la sécurité. Et fait affluer les dollars. |
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En 97, en vue cette fois de l’ISS, la NASA reprend le projet HL20… et le transforme en HL42, en l’agrandissant de 40%. Et en gardant le même principe du lancement à la verticale par une fusée Titan, mais en faisant un cargo-autobus de l’espace. Le bouclier thermique et les parties d’ailerons qui ne sont pas en carbone sont en graphite polyimide, et non en tuiles de porcelaine. La réalisation est confiée au consortium regroupant Rockwell, Lockheed (les célèbres Skunk Works), et Boeing. 13 tonnes à vide, 28 au lancement, pour 4,3 tonnes de charge utile. Le nez est en ACC (Advanced Carbon-Carbon). Les matériaux préconisés démontrent des progrès immenses réalisés dans les nouveaux revêtements (peintures et vernis thermiquement résistants). L’appareil ne peut se propulser seul, il peut en revanche manœuvrer partout grâce à des jets de mélange de méthane-oxygène liquide et la panoplie d’ailerons/flaperons héritée du HL-10. Une technologie sans histoire, parfaitement maîtrisée pour un engin somme toute banal, qui rentre dans l’atmosphère sous 1,5 g seulement. Le confort des cosmonautes devient (enfin) un critère de réalisation : les Russes avec leur BOR avaient beaucoup travaillé sur le bruit à l’intérieur du vaisseau ! |
Sources : Auteur de ce dossier : Didier Vasselle |
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