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La saga des statoréacteurs
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XVIII. Les avions de reconnaissance à statoréacteur
Translate : in English in Spanish in German Création/Mise à jour : 22/08/2004
I. Introduction XVI. Les missiles sol-air à statoréacteur -Suite-
II. Les pionniers XVII. Les records de vitesse
III. Les années de guerre XVIII. Les avions de reconnaissance à statoréacteur
IV. L’après guerre XIX. Les engins cible
V. L’âge d’or des statoréacteurs XX. Les drones de reconnaissance
VI. Les premiers projets de statoréacteur combiné XXI. Les missiles anti-navires
VII. La longue marche vers un avion opérationnel XXII. Les missiles de croisière aéroportés
VIII. Les premiers avions à turbo-statoréacteur XXIII. Les missiles air-air à statoréacteur
IX. Les premiers missiles opérationnels XXIV. Les véhicules hypersoniques
X. Les missiles expérimentaux XXV. Le rêve de l’avion orbital
XI. L’origine des missiles de croisière à statoréacteur XXVI. L’avion orbital –suite-
XII. Les statoréacteurs nucléaires XXVII. Le statoréacteur de Bussard
XIII. Les missiles de croisière intercontinentaux Annexe 1 : Chronologie
XIV. Les missiles de croisière intercontinentaux -suite- Annexe 2 : Tableaux, Caractéristiques
XV. Les missiles sol-air à statoréacteur Annexe 3 : Sources et remerciements

 

Le Convair FISH

 

Dès le début des années cinquante, les constructeurs aéronautiques se lancèrent dans l’étude des avions de reconnaissance stratégique supersonique. Un des plus gros problèmes de cette époque était l’absence de turboréacteur suffisamment puissant pour atteindre des vitesses de l’ordre de Mach 3. Une des solutions était, bien sûr, l’utilisation du statoréacteur qui présentait par contre l’inconvénient d’une consommation trop importante et donc d’un rayon d’action trop faible.

Les Américains étudièrent tout d’abord une autre solution avec le turboréacteur à hydrogène (voir histoire du CL-400 Suntan) tandis que les Russes retenaient la solution de l’avion porteur pour résoudre le problème du rayon d’action. Le constructeur Tsybin présenta ainsi au début des années 50 un appareil de ce type, le 2RS.

Le projet 2RS était un dérivé du projet de bombardier supersonique à réaction RS. Il avait une configuration aérodynamiquement avancée et ressemblait d’ailleurs un peu au Lockheed CL-400 Suntan. L'aile était placée très en arrière sur un fuselage de section circulaire et avait un rapport épaisseur/corde très faible de 2.5 à 3,5 %.

Des ailerons à larges cordes complétaient des ailerons conventionnels, les autres commandes étaient un plan canard et un gouvernail de direction conventionnel, toutes les surfaces étant entièrement actionnées hydrauliquement. L'habitacle accueillait un pilote en combinaison pressurisée, assis sur un siège éjectable. La verrière était prolongée par une épine dorsale qui contenait diverses canalisations du système hydraulique.

Tsybin 2RS

 

Le Convair FISH

 

Le 2RS devait être emporté à une altitude de 9000 mètres sous un Tu-95N. Après le largage il devait accélérer jusqu'à vitesse supersonique (3000 km/h) sur la poussée de deux moteurs-fusée largables. Le pilote devait alors mettre en marche les deux statoréacteurs de croisière Bondariouk RD-013 montés sur les saumons d'aile.

Chaque statoréacteur avait une entrée d'air à géométrie fixe et une tuyère d'éjection de type convergent/divergent permettant le vol de croisière à Mach 2,8. Le diamètre et la longueur de ces statoréacteurs étaient respectivement de 0,65 et 5,5 mètres.

Cependant, le 2RS était, d'un point de vue opérationnel, peu pratique et en dépit d'une réduction importante du rayon d'action, il était préférable de décoller du sol et d'utiliser des turboréacteurs conventionnels à postcombustion. Cette version conventionnelle fut appelée RSR et remplaça le 2RS sur les planches à dessin de Tsybin.

En 1957, Tsybin étudia également le missile PSS dérivé du 2RS toujours avec 2 statoréacteurs RD-013 de Bondariouk. Aucun des projets de Tsybin ne donna lieu à des essais en vol sauf pour l’appareil expérimental NM-1 mais celui-ci était propulsé par des turboréacteurs classiques.

Convair FISH

 

Le Convair FISH

 

De leur coté, après l’abandon du CL-400, les Américains développèrent également un avion de reconnaissance à statoréacteur avec avion porteur. L’appareil, développé par Convair, était appelé « FISH » et était emporté sous un B-58B, un dérivé plus performant du B-58A. Le Convair « FISH » était un avion parasite extrêmement ambitieux capable de voler à très haute vitesse et très haute altitude.

Le B-58B était un B58A agrandi et propulsé par quatre turboréacteurs General Electric J79-GE-9 nettement plus puissant que le J79-GE-5B du B-58. Le « FISH » devait être installé sous le B-58 à la place du pod emportant les armes sur le B-58 classique. Pour réaliser la mission de reconnaissance, le « FISH » était lui-même composé de deux éléments, le premier étant un appareil piloté par deux membres d’équipage, l'autre servait d’étage d’accélération ou d’engin de bombardement dans une autre version.

Convair FISH

La partie pilotée du « FISH », situé à l’avant du composite, faisait 14,2 mètres de long, avec une envergure de 5,7 mètres. La masse brute était d'environ 4500 kg. Il avait deux membres d'équipage assis côte à côte et devait être propulsé par un statoréacteur Marquardt RJ-59 offrant une poussée de 4500 kg à Mach 3.

Cet appareil atterrissait de manière classique à la fin de la mission et avait un train principal à patin et un train avant classique à roue. Il était également prévu d’équiper l’appareil d'un turboréacteur General Electric J85 pour faciliter l'atterrissage puisque les statoréacteurs ne fonctionnent pas à faible vitesse.

La partie arrière avait 15 mètres de longueur, avec une envergure de 7,1 mètres et une masse de 11 500 kg. Elle devait être également propulsée par deux statoréacteurs RJ-59, et comme il n’était pas prévu de le récupérer, il n'avait pas de train d'atterrissage ni de turboréacteur d’appoint.

Convair FISH

 

Le Convair FISH

 

Avec une vitesse maximale de Mach 4, une structure en titane devait être utilisée pour résister à l’échauffement cinétique. Il y eut aussi quelques propositions pour utiliser des carburants spéciaux à haute énergie pour atteindre une vitesse de Mach 6.

Le rayon d’action de l’ensemble B-58B/FISH était d’environ 4200 km. Après le décollage, le B-58 devait accélérer jusqu'à Mach 2, et les statoréacteurs du « FISH » pouvaient alors être mis en fonctionnement. Une fois les moteurs à pleine puissance, l’appareil était largué du B-58 et il accélérait jusqu’à sa vitesse de croisière, c'est à dire Mach 4.

L'altitude de croisière du parasite devait être d'environ 23 000 mètres, mais pendant l'approche de la cible l'appareil pouvait grimper jusqu'à 27 000 mètres. Pendant la croisière à Mach 4, des boucliers thermiques recouvraient le cockpit et l'équipage devait utiliser des caméras vidéo pour voir à l'extérieur. Après la mission, l'élément non-récupérable était largué et l'autre retournait à sa base.

L’appareil de Convair fut substantiellement remanié et proposé peu après comme base pour un avion de reconnaissance destiné à la CIA en concurrence avec les appareils de Lockheed. Cependant comme pour le 2RS, la formule du composite fut jugé irréaliste et le 14 juillet 1959, l’USAF rejeta le « FISH » mais aussi la proposition de Lockheed et ordonna de continuer la compétition sur de nouvelles propositions ce qui aboutira finalement au choix du Lockheed A-12 doté de turboréacteurs J-58 classiques.

 

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