La
saga des statoréacteurs |
|||
XIV.
Les missiles de croisière intercontinentaux -suite- |
|||
Translate : ![]() ![]() ![]() |
Création/Mise à jour : 22/08/2004 |
|
En URSS, le 20 mai 1954, un décret du gouvernement soviétique autorisa les constructeurs aéronautiques Lavochkine et Myassistchev à lancer le développement des missiles de croisière intercontinental trisoniques La-350 et M-40 (voir histoire complète). Les deux missiles étaient basés sur l’EKR de Korolev et avaient donc de nombreuses caractéristiques communes. Ils devaient emporter une ogive nucléaire sur 8500 kilomètres mais la charge nucléaire destinée au missile de Myassistchev avait une masse de 3500 kilogrammes contre 2200 kg pour celle destinée au missile de Lavochkine. Le missile M-40 « Buran » se composait de deux étages, un premier étage constitué de quatre boosters assemblés en botte d’asperges (le M-41) et un étage de croisière à statoréacteur (le M-42). Le M-40 avait une longueur de 24 mètres, une envergure de 11,6 mètres, une masse totale de 125 tonnes, et une vitesse maximale de 3200 km/h à 20000 mètres d’altitude. En août 1956, des changements de spécification de la charge thermonucléaire conduisit Myassistchev à demander une puissance au décollage plus grande et Glouchko dut développer une version plus puissante des moteurs des boosters, les RD-213. |
|
Pendant ce temps, Lavochkine avait progressé beaucoup plus vite et construisait déjà le premier missile « Burya » d’essai. Comme son concurrent, le La-350 « Burya » était composé de deux étages mais disposé d’une manière différente avec un corps central auquel étaient accolés deux accélérateurs à carburant liquide. Le corps central était, en fait, l’étage de croisière, un avion possédant un fuselage trapu, des petites ailes delta avec une flèche à 70° et un empennage conventionnel. La propulsion était assurée par un statoréacteur RD-012 (puis RD-012U) fourni par Bondariouk et dérivé de celui qui devait équiper l’EKR de Korolev. Ce statoréacteur avait une poussée de 9 tonnes à Mach 3,15 et 18000 mètres d’altitude. L’ensemble avait une longueur de 19,9 mètres et une masse de 96 tonnes, dont 33 tonnes pour le missile de croisière, charge nucléaire comprise. Celle-ci étant placée dans le nez du missile, derrière l’entrée d’air du statoréacteur. Ce dernier était placé à l’arrière de l’engin, entouré par des réservoirs de carburant annulaire. Le profil de vol du «Burya» était le suivant : l’ensemble décollait verticalement sous la seule poussée des boosters puis à 18 km d’altitude, le missile basculait horizontalement, prenait son cap et se mettait en route le statoréacteur, après avoir largué les deux accélérateurs. |
|
Le premier essai eut lieu le 1er septembre 1957. Ce fut un échec en raison de l’arrêt prématuré du générateur de gaz d’un booster. Après le décollage et quelques secondes de vol, l’engin retomba et explosa à proximité du pas de tir. Le second essai fut à peine mieux réussit car après trente secondes de vol, une turbopompe se bloqua, et le missile fut détruit par télécommande. La série noire continua avec les huit vols suivants puisqu’un seul tir fut une réussite totale. La série de tests suivante commença avec le douzième vol du La-350 et fut beaucoup plus réussie. Par exemple, lors du 13ème essai, le 19 avril 1959, le Burya battit un record de vitesse (non officiel) avec Mach 3,15 (3500 km/h) après 33 minutes de fonctionnement et 1766 km parcouru. Lors des vols finaux, les 20 février, 23 mars et 16 décembre 1960, le La-350 parcouru respectivement 5500 km, 6500 km et 6450 km. Malgré ces succès, les Russes prirent la même décision que les Américains avec le Navaho (remplacé par le missile balistique Convair Atlas) en annulant le programme Burya au profit des missiles balistiques de Korolev, Yangel et Tchelomei. Quant au Myassistchev « Buran », il était en cours de préparation pour son premier vol quand le projet fut annulé en novembre 1957.
|
La saga des statoréacteurs |