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La saga des statoréacteurs
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XV. Les missiles sol-air à statoréacteur
Translate : in English in Spanish in German Création/Mise à jour : 22/08/2004
I. Introduction XVI. Les missiles sol-air à statoréacteur -Suite-
II. Les pionniers XVII. Les records de vitesse
III. Les années de guerre XVIII. Les avions de reconnaissance à statoréacteur
IV. L’après guerre XIX. Les engins cible
V. L’âge d’or des statoréacteurs XX. Les drones de reconnaissance
VI. Les premiers projets de statoréacteur combiné XXI. Les missiles anti-navires
VII. La longue marche vers un avion opérationnel XXII. Les missiles de croisière aéroportés
VIII. Les premiers avions à turbo-statoréacteur XXIII. Les missiles air-air à statoréacteur
IX. Les premiers missiles opérationnels XXIV. Les véhicules hypersoniques
X. Les missiles expérimentaux XXV. Le rêve de l’avion orbital
XI. L’origine des missiles de croisière à statoréacteur XXVI. L’avion orbital –suite-
XII. Les statoréacteurs nucléaires XXVII. Le statoréacteur de Bussard
XIII. Les missiles de croisière intercontinentaux Annexe 1 : Chronologie
XIV. Les missiles de croisière intercontinentaux -suite- Annexe 2 : Tableaux, Caractéristiques
XV. Les missiles sol-air à statoréacteur Annexe 3 : Sources et remerciements

 

Onera STATEX

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(Copyright photo ci-contre : Onera, Auteur : R.MARGUET)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans le cas des missiles sol-air (ou encore missile surface-air, Surface Air Missile, SAM), l’avantage principal de l’utilisation du statoréacteur est l’augmentation de la portée par rapport au missile à moteur-fusée à combustible solide ou liquide. Cette portée accrue compense une plus grande complexité et l’utilisation d’un carburant moins facile à stocker. C’est pourquoi il y a dans cette catégorie surtout des missiles longue portée voire très longue portée comme le Boeing Bomarc.

En France, il faut remonter jusqu’en 1946 pour trouver la trace des premières réalisations en matière de SAM à statoréacteur avec la création du Laboratoire de Recherches Balistiques et Aéronautiques (LRBA).

Ce laboratoire était chargé, au sein de la Direction des Etudes et Fabrications d'Armes (DEFA), de l'étude des systèmes d'arme sol-air. En 1948, le missile PARCA (Projectile Autopropulsé Radioguidé Contre Avions) à moteur-fusée liquide fut étudié puis testé en vol à partir de 1954.

Au début des années 50, la DEFA lança les études du Super-PARCA propulsé par un statoréacteur utilisant le kérosène comme carburant. Il s’agissait d’augmenter la portée du PARCA au-delà des 70 kms. Elle construisit d’abord un missile expérimental, le NA-250, pour tester en vol un statoréacteur de 250 mm de diamètre non régulé.

DEFA NA-250

Le NA-250 était lancé avec quatre boosters à poudre semblables à celui du PARCA qui le propulsait jusqu’à Mach 1,5 puis le statoréacteur prenait le relais. Testé également à partir de 1954 à l’île du Levant au CERES (Centre d’Essais et de Recherches d’Engins Spéciaux), le NA-250 atteignit la vitesse de Mach 3.

Après les essais en vol du NA-250, la DEFA décida de mettre au point un statoréacteur de 500 mm de diamètre pour le Super-PARCA. Pour cela, elle décida de collaborer avec l’Onera, déjà très expérimentée sur les engins à statoréacteur et de construire conjointement les engins Statex A et B. Il s’agissait d’un engin à deux étages en tandem dont le premier était un booster à poudre selon la formule en usage à l’époque.

Le deuxième étage avait un statoréacteur de 500 mm de diamètre équipé d’un régulateur d’injection limitant le débit de kérosène en fonction de la vitesse et de l’altitude. Le booster propulsait l’engin jusqu’à Mach 1,5 puis le statoréacteur accélérait le deuxième étage jusqu’à Mach 3.

Onera STATEX 5010 sur rampe de lancement au CEM. (1960).

Une dizaine d’engins Statex furent tirés à partir de 1957 jusqu’à une vitesse de Mach 3 puis le programme fut annulé quand la DEFA arrêta tous ses travaux sur les SAM en 1960.

Pendant ce temps, La SNCASE s’était lancé à son tour dans les missiles surface-air avec le SE-4400. L’engin était équipé d’un statoréacteur de 500 mm de diamètre et d’un premier étage à poudre de 550 mm de diamètre avec un moteur SEPR 505.

SE-4400

Le statoréacteur était allumé rapidement après le décollage pour éviter des problèmes de transitions à mach 1, vitesse de séparation du booster, et l’engin devait atteindre mach 2 à 19 000 mètres d’altitude. Le missile était guidé vers sa cible par radar depuis le sol pour la première partie de la trajectoire puis avec un autodirecteur embarqué pour la phase finale.

Après le début des essais en vol, le SE-4400 fut abandonné au profit du Hawk américain comme SAM mais continua sa carrière comme engin de record avec le succès que l’on sait (voir description chapitre 10).

 

Matra R-431

 

Matra se lança également dans les missiles sol-air après des débuts difficiles dans le domaine des statoréacteurs et l’échec du MS-10. La firme travaillait déjà dans le domaine des SAM avec le R-422 et le R-43 et elle essaya aussi d’augmenter la portée de son missile en utilisant un statoréacteur.

Pour cela, elle s’adressa à l’équipe de Nord Aviation qui travaillait sur le ST-450 et préparait le Nord 1500 Griffon. Nord Aviation avait déjà collaboré avec Matra (avec son équipe venue de la SFECMAS) sur le missile R-43 pour lequel elle avait fourni le système d’alimentation en combustible. Cette équipe fournit ensuite à Matra des éléments d’un statoréacteur de 614 mm de diamètre pour le nouveau missile. Matra mit alors au point le missile R-431 à deux étages avec un booster SEPR-732 qui propulsait l’ensemble jusqu’à Mach 1,7.

Matra R-431

Le missile R-431 commença ses essais en vol en 1954 et une quarantaine de missile furent testés dans le Sahara. L’engin atteignit des altitudes de 20 000 mètres et une portée de 150 kilomètres. Il atteignit les Mach 2,7 en 1958 avant d’être abandonné comme le SE-4400 et pour les mêmes raisons.

Aucun de ces missiles français ne conduisit donc à un système opérationnel et il faut chercher du coté de la Grande Bretagne, des USA et de l’URSS pour trouver les réalisations les plus remarquables dans cette catégorie.

Le Talos de la Navy

 

Le Talos

 

Aux USA, après les essais en vol successifs du Cobra, du PTV-N-4 et du RTV-N-6 dans le cadre du programme « Bumblebee » le programme de SAM à statoréacteur de la Navy continua avec le Applied Physics Lab CTV-N-8 (Supersonic Test Vehicle, STV). Contrairement aux autres engins du programme « Bumblebee », le CTV-N-8 était un engin à propergol solide uniquement destiné à tester en vol le système de guidage radar du missile opérationnel SAM-N-6/RIM-8 Talos.

Les essais en vol du CTV-N-8 débutèrent en 1948 mais comme le développement du Talos était très complexe, il fut décider de commander un missile intérimaire basé sur le CTV-N-8, le SAM-N-7/RIM-2 Terrier.

Le développement du Talos à statoréacteur continua avec le RTV-N-6 XPM (Experimental Prototype Missile) qui vola avec succès en 1951. Le premier prototype du Talos définitif, le XSAM-N-6, vola l’année suivante en 1952. Cependant, les performances requises pour le Talos augmentaient sans cesse et ce missile ne rentra en service qu’en 1959. C’est la société Bendix qui reçut le contrat de mise au point et de production du Talos.

Talos

Le SAM-N-6 Talos était un missile à deux étages en tandem comme ses alter ego Français, avec un moteur à poudre pour le premier et un statoréacteur fabriqué par Bendix pour le second. Le guidage était assuré par un radar au sol et un autodirecteur radar semi-actif pour le guidage terminal. C’était un gros missile de 4,5 tonnes et 9,7 mètres de longueur qui portait à 185 km à 24000 mètres d’altitude et Mach 2,5 dans sa version la plus performante. Certaines versions du Talos étaient équipées d’une tête nucléaire W-30 de 2 à 5 kilotonnes. Ces versions étaient dépourvus du système de guidage terminal, inutile avec une telle puissance de feu !

 

Le Typhoon

 

Le Talos fut constamment amélioré et la version (SAM-N-6b1) qui apparut en 1960 avait déjà une portée double du modèle initial. Une version encore améliorée de 1962 (SAM-N-6c1) pouvait être équipée aussi bien d’une tête conventionnelle que d’une tête nucléaire.

Une nouvelle version avec un système de guidage amélioré (RIM-8G, le système de désignation de la Navy ayant changé entre-temps) apparu en 1966 suivit par le RIM-8J en 1968. Ces missiles sont d’ailleurs crédités de quelques victoires sur des Mig au Vietnam.

Talos

Le Talos fut aussi envisagé par l’USAF comme SAM en attendant la mise au point du Bomarc (voir chapitre 16) ou comme missile anti-radar par la Navy. Cette version, RGM-8H Talos-ARM, fit ses essais en vol en 1965 puis entra en service au Vietnam contre les sites de SAM ennemis. Le Talos fut retiré du service en 1979 et les derniers exemplaires encore en état furent convertis en cible aérienne MQM-8G Vandal pour simuler des missiles anti-navire type Exocet. Il semble que ce modèle soit toujours en service dans l’US Navy.

Dès 1958, avant même l’entrée en service du Talos, la Navy et Bendix lancèrent les études pour son successeur appelé au début « Super Talos ». Le principal problème du Talos était le système de guidage par faisceau radar qui limitait le nombre de cible pouvant être engagé simultanément par le navire. La solution retenue pour le Super Talos était le système radar AN/SPG-59 qui envoyait les corrections de trajectoire au missile après calcul à bord du navire.

Le Typhon

Le nouveau missile fut baptisé « Typhon » et fut décliné en deux versions, une longue portée (SAM-N-8 Typhon LR) pour remplacer le Talos et une moyenne portée (SAM-N-9 Typhon MR) pour remplacer les Terrier et autres Tartar.

Le premier prototype du Typhon vola en 1961 suivit de quelques autres mais le programme fut annulé en décembre 1963 à cause de sa trop grande complexité. Le typhon aurait été un impressionnant missile capable d’abattre des avions volant à Mach 3 jusqu’à une distance de 370 km.

 

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