Les
avions à réaction de Lavotchkine |
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II.
Les premiers turboréacteurs Russes |
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Création/Mise à jour : 18/03/2005 |
Des quatre modes de propulsion à réaction, il ne restait plus que le turboréacteur pour obtenir à la fois des performances et une autonomie suffisante mais, dans ce domaine, les Russes étaient en retard sur les Britanniques et sur les Allemands. En URSS, les recherches sur les turboréacteurs avaient débutés dans les années trente et le premier moteur fut dessiné en 1937 par Archip Lyulka au Kharkov Aviation Institute (KhAI) en Ukraine. Le RTD-1 était un moteur à compresseur centrifuge dont la poussée devait être de 500 kg. En même temps, l’institut étudiait un chasseur équipé de ce moteur, le KhAI-2. En 1938, Lyulka fut muté au SKB-1, un bureau d’étude de Leningrad spécialisé dans les turbines à gaz. En 1939, Lyulka commença les études sur un turboréacteur de 525 kg de poussée, le RD-1 (à ne pas confondre avec le moteur-fusée RD-1 de Glouchko). Contrairement au RTD-1, le RD-1 était un moteur à compresseur axial. Un prototype du moteur fut mis en construction en 1940 alors que les essais au banc étaient prévus pour 1941. Cependant, l’invasion allemande stoppa temporairement les travaux alors que le premier RD-1 n’était toujours pas achevé. Un des premiers projets russes d’avion propulsé par turboréacteur fut néanmoins un projet de Lavotchkine de 1943 conçu autour de ce moteur. Ce projet consistait en l’installation d’un RD-1 sous le fuselage d’un LaGG-3, à l’avant. Le projet ne put voir le jour à cause de l’indisponibilité du RD-1 mais Lavotchkine continua ses travaux sur les jets à réaction comme en témoigne le La-VRD présenté en février 1944. |
En avril 1943, Lyulka avait de nouveau été muté, cette fois-ci dans le bureau d’étude de l’OKB-293 du constructeur Bolkhovitinov. Il continua ses recherches en matière de turboréacteur et proposa un moteur de 1500 kg (appelé parfois RTD-1/VDR-2) qui ne devait jamais dépasser le stade de la planche à dessin. Cependant, l’ingénieur Gudkov (celui qui avait conçu le LaGG-1 avec Lavotchkine) commença les travaux de conception sur un avion à réaction utilisant ce moteur, le Gu-VRD. Ces travaux ne donnèrent aucun prototype de moteur ou d’avion mais ne furent pas vain car il menèrent directement à la création du TsIAM (Institut central des moteurs d’aviation) avec Lyulka à sa tête. En mai 1944, les autorités russes ordonnèrent à Lyulka de concevoir un turboréacteur de 1250 kg de poussée qui devait être prêt pour mars 1945. Lyulka se mit au travail et présenta le réacteur S-18 au début de 1945. Le S-18 était un turboréacteur à compresseur axial à huit étages. Le moteur tourna au banc vers mars 1945 et fut le premier turboréacteur russe à avoir fonctionné. Mais, il était évident que ce moteur avait plusieurs années de retard sur ses contemporains allemands, en particulier le Junker Jumo 004, et qu’il ne pourrait équiper un jet qu’après une longue mise au point. Au même moment, les Russes avaient envahi une partie de l’Allemagne et purent mettre la main sur les turboréacteurs équipant les Me-262, Ar-234 et autre He-162. Avec ces moteurs, les constructeurs Yakovlev, Mikoyan, Lavotchkine et d’autres, purent équiper rapidement leurs premiers prototypes. Pendant ce temps, Lyulka poursuivait la mise au point du S-18 et put comparer au banc ses performances avec un Jumo 004. Le moteur soviétique avait une poussée plus grande et une masse plus faible mais sa durée de vie était inférieure à cause du retard soviétique en matière de métallurgie des alliages hautement résistant à la chaleur. Les aubes de turbines russes n’étaient pas assez résistantes et le S-18 ne pouvait équiper un avion opérationnel. |
Début 1946, un décret du conseil des ministres soviétique ordonna le développement d’une version opérationnelle du S-18. Le nouveau moteur fut appelé TR-1 et devait donner environ 1600 kg de poussée. La conception du TR-1 fut réalisée entre janvier et avril 1946 et le premier exemplaire tourna au banc le 9 août 1946. Les tests montrèrent que le moteur avait en réalité une poussée de 1300 kgp mais néanmoins Lyulka reçut l’ordre de Lénine et le prix Staline pour cette réalisation ! Le moteur fut ensuite testé en vol sur un North-American B-25 ( ?!) monté sur un pylône au-dessus du fuselage. Le 28 mai 1948, le chasseur biréacteur Sukhoï Su-11 prit l’air pour la première fois suivis de près par le bombardier Ilyushine Il-22, tous deux motorisé par le TR-1. Ce furent les premiers avions à réaction soviétiques à voler avec un turboréacteur de conception nationale. Lyulka démarra rapidement la conception d’une version améliorée, le TR-1A, d’une poussée de 1600 kgp et d’une durée de vie de 35 heures. Ce moteur était plus puissant que les Jumo 004 et BMW 003 (et que leur copie RD-10 et RD-20) mais ils demeuraient moins puissants que les moteurs britanniques de la même époque. De plus, ils avaient une consommation spécifique trop élevé. Pour cette raison, le TR-1A fut annulé en 1948 et remplacé par un nouveau projet, le TR-2 de 2500 kg de poussée. Celui-ci fut à son tour annulé quand les Britanniques donnèrent aux Soviétiques la technologie du Rolls-Royce Nene qui fut produit en série en URSS sous le nom de RD-45. Archip Lyulka continua ses propres développements sous la forme du TR-3 de 4600 kg de poussée et de nombreux autres moteurs comme les AL-5 et AL-7 dans les années qui suivirent mais ces moteurs ne concernent pas les premiers avions à réaction de Lavotchkine qui ne seront motorisé par Lyulka qu’à partir du La-190 (le TR-1 devait équiper le La-154 mais cet appareil ne fut pas construit).
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Sources : 1) Soviet X-Plane, Y. Gordon et B. Gunston |
Les avions à réaction de Lavotchkine |