United Aircraft Corporation * s'est impliqué dans l'hydrogène liquide comme carburant
de propulsion en 1955 sur l'initiative du laboratoire de Wright. Agissant
sur une directive du siège, le laboratoire lance une étude
en janvier 1955 pour d'étudier l'hydrogène comme carburant
dans des turboréacteurs. En février, des appels d'offres sont
envoyées àUnited Aircraft Corporation et à trois autres
constructeurs de moteur. Les propositions sont soumises en mars. United Aircraft Corporation
remporte le contrat le 15 juin.
Le contrat n'était pas signé
avec la division Pratt & Whitney de la société mais avec
le service de recherches dirigé par John Lee. Le contrat prévoyait
des analyses exploratoires, de cycle thermodynamique, des analyses de
masse avion, et quelques expériences. Un des hommes impliqués
était Wesley A. Kuhrt, à qui l'hydrogène n'était
pas étranger. A l'age de 13 ans, il fait des expériences
avec l'hydrogène dans sa cave en ajoutant du zinc à l'acide
chlorhydrique. Il eut soudainement une explosion; des fragments de verre
ont été projeté sur son crane, mais il a échappé
à des dommages sérieux. L'incident n'a ni refroidi son enthousiasme
pour la science ni créé une crainte pour l'hydrogène.
15
La division Pratt & Whitney
avait suivi l'intérêt du NACA et de l'US Air Force pour l'hydrogène
en 1955 et se tenait également au courant sur les moteurs Rex de
Rae . 16 Le projet Suntan a commencé pour la division par un appel
d'Appold en janvier 1956; en février, les responsables de la division
ont commencé à croire qu'ils gagneraient le contrat pour le
moteur. Le 17 février, Perry Pratt, ingénieur en chef, récapitule
les connaissances en matière d'hydrogène pour les moteurs
à réaction. Il cite cinq compagnies ayant l'expérience
du pompage de l'hydrogène et décrit un moteur qui est quelque
peu semblable au moteur Rex. ** Pratt & Whitney avait examiné le problème de la production
de l'hydrogène et avait conclu que la production en masse de l'hydrogène
par liquéfaction était faisable. 17 Pratt & Whitney consulta en Californie diverses personnes bien
informées au sujet de l'hydrogène, y compris Kelly Johnson
de Lockheed.
William Sens, un ingénieur
de Pratt & Whitney, avait participé au voyage en Californie
et s'était renseigné sur les moteurs Rex. Ceci l'avait fortement
intéressé, parce que six semaines plus tôt il avait
dessiné un moteur à hydrogène après une conversation
avec John Chamberlain, un expert en matière de combustion au laboratoire
de recherches de United Aircraft Corporation. Chamberlain avait précisé
que l'hydrogène était capable de fournir une grande quantité
d'énergie dans un cycle thermodynamique.
W. Sens avait envisagé d'employer
l'hydrogène pour une turbine qui actionnerait un Fan ou un compresseur
de moteur. Après passage par la turbine, l'hydrogène serait
injecté et brûlé dans la chambre de combustion du moteur.
Juste après le retour de Californie, W. Sens envoi une proposition
à Pratt pour développer un moteur à hydrogène
capable de répondre aux exigences suivantes:
Altitude |
30500 m |
Vitesse |
Mach 2,5 |
Poussée |
2043 kgp |
Consommation de carburant spécifique de poussée
|
0,076 kg/N . heure |
Poids de nacelle |
2722-3175 kilogrammes |
Diamètre de moteur |
155 centimètres |
Ces
caractéristiques montrent que Sens était averti des exigences
de propulsion du CL325-1 préparé par Johnson pour Garrett
. 19
W. Sens décrit son moteur
proposé avec un cycle dual, avec un principe ressemblant à
un ramjet suralimenté:
- De l'air est comprimé par un compresseur
basse pression et chauffé par la combustion de l'hydrogène.
En outre, la chaleur est extraite à partir du jet au moyen d'un
échangeur de chaleur après qu'une partie de la combustion
de l'hydrogène ait eu lieu. Cette chaleur est employée pour
vaporiser et chauffer l'hydrogène utilisé dans le processus
de combustion. Dans le cycle secondaire l'hydrogène liquide est
comprimé à haute pression à l'aide d'une pompe centrifuge
à plusieurs étages. L'hydrogène à haute pression
est alors vaporisé et chauffé à une relativement haute
température dans l'échangeur de chaleur situé dans
le jet d'air. L'hydrogène est alors pressurisé par une
turbine à écoulement axial à plusieurs étages
à une pression légèrement supérieur à
l'air de décharge du compresseur. La sortie de puissance de la
turbine est employée pour entrainer le compresseur utilisé
dans le cycle. En raison de la grande différence de vitesse entre
la turbine à hydrogène et le compresseur d'air, il est
nécessaire d'utiliser un réducteur entre les deux composants.
20
W. Sens n'était pas le seul
dans la société à étudier les moteurs à
hydrogène. Wesley Kuhrt dans le service de recherche avait travaillé
sur le sujet pendant un certain temps, et le 1er mars 1956, il a conçu
trois moteurs pour lesquels il a déposé des brevets. 21 Le premier était basé sur un turboréacteur (fig.
37). L'air est comprimé par le compresseur et s'écoule
autour de la section centrale vers la section arrière, où
de l'hydrogène gazeux est injecté et brûle stoechiométriquement.
Les gaz chauds s'échappent par la tuyère et produisent
la poussée. La source de puissance pour le compresseur est une
turbine actionnée par l'hydrogène chauffé avant la
combustion.
L'hydrogène liquide passe dans l'échangeur de chaleur
autour de la tuyère où il se gazéifie et est chauffé
à haute température. Après passage dans l'échangeur
de chaleur, l'hydrogène chaud entraine une turbine à plusieurs
étages qui est reliée au compresseur par un réducteur
de transmission. Après passage dans la turbine, l'hydrogène
est injecté dans le jet d'air du moteur et brûlé. Le
moteur de Kuhrt est semblable au Rex III de Rae, tous les deux utilisent
un échangeur de chaleur pour chauffer l'hydrogène pour entrainer
une turbine, mais le concept de Kuhrt est beaucoup plus simple que le
Rex III.
Pour Kuhrt, le début du travail
pour le Suntan à United Aircraft Corporation était un appel
début 1956 pour une réunion au laboratoire de Wright. Etaient
présent Perry Pratt, le Col. Norman Appold, et d'autres. Appold
a souligné la nécessité de commencé rapidement un
projet d'utilisation de l'hydrogène dans les moteurs d'avion. 22
Pour Richard J. Coar, jeune ingénieur
mécanicien brillant et dur au travail qui avait participé
au développement du turboréacteur J-75, le programme sur le
Suntan a également commencé au début de 1956 où
il est affecté au travail sur le moteur à hydrogène.
Sa première tâche était l'analyse du moteur et d' apprendre
tous ce qu'il pourrait au sujet de l'hydrogène.
Fig. 37. Moteur
de Weslev A. Kuhrt : turboréacteur utilisant l'hydrogène liquide
comme carburant, précurseur du moteur 304 de Pratt & Whitney.
brevet 3 241 311, 22 mars 1966, classé 5 avr. 1957. (
United Technologies Corp)
Après sa visite au Laboratoire
cryogénique à Boulder Coar est convaincu que la production
de l'hydrogène liquide serait un obstacle important à l'utilisation
militaire de l'hydrogène. L'usine était petite et les techniques
de laboratoire exigait un personnel fortement habile. En avril, Coar
va à Baltimore pour négocier un contrat avec l'Air Force.
Les négociations techniques ont été marqué par un
long et laborieux processus que Rae, Garrett, et l'Air Force avait connu
plus tôt. 23
L'approche initiale de Pratt &
Whitney du problème était d'analyser les divers moteurs à
hydrogène qui avaient été proposés, en choisir un,
et de le développé afin de profiter des intéressantes
propriétés de l'hydrogène. Ceci est restée leur
approche jusqu'à ce qu'ils se rendent compte que la modification
d'un moteur existant fournirait des résultats plus rapides, bien
que moins efficace. Ils ont proposé de modifier un J-57 à
cette fin et le contrat a été modifié.
* Le nom a changé en United Technologies
Corp. en 1975.
** Reaction
Motors, Carter Pump, North american, Aerojet, Cambridge Corp.
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