La version de bombardement est devenue opérationnelle avec le KG-76 pendant les derniers mois de 1944 puis déployé pendant l'offensive des Ardennes. L’attaque surprise allemande dans les Ardennes, en décembre 1944, fut le dernier coup de boutoir sérieux des forces du Troisième Reich. Pour appuyer l’infanterie et les blindés, les Allemands jetèrent dans la bataille tous les avions en état de prendre l’air.

Chasseurs et chasseurs-bombardiers opéraient en appui rapproché chaque fois que les conditions météo le permettaient. Ils se heurtaient aux Mustang et aux Tempest, aux Thunderbolt et aux Spitfire en de vertigineux combats tournoyants ou en passes de combat à très grande vitesse et à basse altitude. Naturellement, les Allemands avaient engagé dans l’affaire quelques Ar-234 B.

Le 17 décembre 1944, le commandant du 9. Staffel, Dicter Lukesch, reçut l’ordre de déplacer un détachement de 16 avions à Münster-Handorf en vue de participer à l’offensive. Après quelques jours d’inaction en raison du mauvais temps, les Ar-234B de bombardement entrèrent en action pour la première fois le 25 décembre 1944. Ce matin-là, Lukesch décolla de Münster-Handorf en compagnie de huit autres Ar-234 B.

Les Ar-234B, emportant une seule bombe de 500 kg, se suivaient en file indienne à grande vitesse et commencèrent à monter vers leur altitude de croisière de 4000 mètres. Lukesch descendit jusqu’à 2000 mètres puis lâcha sa bombe sur un site industriel de Liège imité rapidement par les autres Ar-234 B.

Les Ar-234 B de Lukesch continuèrent leurs opérations de bombardement de jour puis le 1er janvier 1945, Lukesch utilisa quatre Ar-234B pour le premier bombardement de nuit par des avions à réaction.

La charge offensive maximale d’un Arado 234 ne dépassait pas 1500 kg, soit à peu près celle d’un Thunderbolt de l’USAAF mais avec une telle charge, le rayon d’action était très réduit. L’atout principal de l’avion était sa vitesse, ce qui ne facilitait pas la visée mais donnait au bombardier un avantage certain pour échapper aux chasseurs alliés. Cependant, à ce moment de la guerre le nombre de sorties des Ar-234 était sévèrement limité par le manque de carburant.

Parmi les opérations de bombardement les plus remarquables figurent les tentatives de détruire le pont de Ludendorff au-dessus du Rhin à Remagen, qui était tenu par des troupes américaines. Ce pont avait été très endommagé par les charges de démolition du génie allemand, mais il restait utilisable. Ce pont était une brèche dans la ligne d’obstacles naturels défensifs à l’Ouest, et une cible de la plus haute importance pour les Allemands.

Pendant 10 jours à partir du 7 mars 1945 des attaques presque continues furent faites sur cette cible jusqu'à ce que finalement le pont s’effondre, mais les pontonniers américains avaient, entre-temps, mis en place un pont de remplacement le long de l’ancien, et le flot des troupes se déversait vers l’Est, ininterrompu.

Lors de ces opérations, quelques Ar-234 furent abattus en combat aérien et par la DCA pour un bénéfice opérationnel négligeable en raison du faible nombre d’appareil engagé (environ 38 appareils opérationnels en Avril 1945). L’Ar-234 à réalisé sa dernière mission opérationnelle le 30 Avril 1945.

La production totale de l'Arado Ar-234 s'est élevée à 274 appareils, dont 30 prototypes (la moitié inachevé) et 244 appareils de production. Ce nombre incluait 20 Ar-234B-0 de pré-production dont la plupart (sans sièges éjectables et pressurisation) furent livrés à Rechlin pour des vols de développement.

Ils furent suivis des premiers véritables appareils de série, les Ar-234B-1 de reconnaissance qui pourrait emporter deux appareils photo Rb 50/30 ou Rb 75/30, ou un de chaque, et des bombardiers Ar-234B-2 qui emportaient 1500 kg de bombe au maximum.

L’Ar-234 n’a donc pas obtenu de grands résultats comme bombardier en dépit de sa grande vitesse qui lui permettait d’échapper facilement à ses ennemis. La charge de bombe emportée et le petit nombre d’appareil engagé (au même moment, les alliés organisaient des raids de 1000 appareils !) ne pouvaient rien changer au résultat final.

L’Ar-234 ne fit pas mieux comme chasseur de nuit en l’absence d’une version lourdement armée et vraiment spécialisée. En définitive, seule la version de reconnaissance put obtenir de bons résultats opérationnels qui permirent aux Allemands de contempler en détails l’ampleur de leur défaite.

Sources :

Arado 234, juillet - août 1944
The Arado Ar-234
Ar 234 Blitz Luftwaffe's Nightingale
Arado Ar 234 Blitz
Arado Ar 234 'Blitz'
Arado Ar 234B/C Blitz (Lightning)
WWII German Aircraft Photos - Arado 234
Arado Ar TEW 16/43-19
Arado Ar E.377
Arado Ar E.555 series
luftarchiv.de