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Le Sud-Ouest SO-4000
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I. Origine
Translate : in English in Spanish in German Création/Mise à jour : 14/05/2003
I. Origine
II. Le NC-270 & le SO-4000
III. Les maquettes NC-271 & SO M-1/2
IV. Abandon du NC-270
V. Essai et abandon du SO-4000

 

Le SO M2 et le SO-4000 sous un hangar

 

Dans les premières années de l’après-guerre, l’industrie aéronautique française renaissait des cendres de la guerre. Elle manquait de tout, d’installations d’essais notamment, et ni les Américains ni les Anglais ne souhaitaient aider la France à devenir un concurrent sérieux sur le marché de l’aviation. Aussi lui fallait-elle se débrouiller seule, ce qu’elle fit, tantôt avec prudence, tantôt avec une folle témérité.

Dans le domaine des avions de combat, il était devenu évident que l’ère des jets avait commencée et les commandes de bombardiers à hélices furent annulées (par exemple le NC 200 ou le Nord 1800). Fin 1945, un nouveau programme fut élaboré par l’Etat-Major pour un bombardier de 28 tonnes en charge capable de transporter 5 tonnes de bombes sur 3000 km et à une vitesse supérieure à 900 km/h à 9000 mètres d’altitude.

Aux Etats-Unis, une fiche programme similaire avait été émise dès 1944 et quatre constructeurs reçurent des contrats de développement, North American pour le XB-45, Convair pour le XB-46, Martin pour le XB-48 et Boeing pour le XB-47. De son coté, la RAF avait émis elle aussi une fiche programme qui conduisit dans un premier temps au English Electric Camberra puis au Short Sperrin et enfin aux fameux V-Bomber (Avro Vulcan, Vickers Valiant et Handley-Page Victor).

Le boeing B-47 était très supérieur aux autres bombardiers de l'époque (voir tableau ci-dessous) et avait en fait dix ans d'avance sur les autres appareils. De plus, c'était un appareil bien plus imposant que le NC-270 ou le SO-4000. Ce dernier était d'ailleurs bien plus proche en taille et en configuration du Martin XB-51 qui vola la même année.

Cependant, en 1945, aucun constructeur anglo-saxon n’avait encore fait voler un bombardier à réaction ni un appareil à aile en flèche sauf peut-être l’avion-fusée Northrop MX-324. Le premier bombardier à réaction américain fut le Douglas XB-43, un appareil tout à fait classique issu du XB-42 à moteur à piston. A cette époque, comme dans beaucoup de domaine aéronautique, les réalisations les plus remarquables étaient bien sûr allemandes.

Les seuls bombardiers à réaction à avoir volé étaient les Junkers Ju-287 et l’Arado Ar-234, ce dernier étant même entré en service opérationnel. De plus, les firmes Allemandes avaient réalisé un très grand nombre d’étude de bombardier stratégique à réaction (par ex, l’Ar E-555) qui aboutirent dans les bureaux d’étude alliés après la chute du IIIème Reich.

Le Boeing B-47

 

 

En mars 1946, la Direction Technique et Industrielle commanda deux prototypes correspondant au programme de 1945, le NC-270 de la SNCA du Centre et le SO-4000 de la SNCASO (Sud-Ouest Aviation). Le marché officiel fut passé à la SNCAC, le 23 mai 1946. Il couvrait la fourniture d’un prototype de bombardier NC-270 et de deux maquettes volantes (Les NC-271-01 et 02) plus les approvisionnements pour un second prototype. Le développement du futur bombardier fut dirigé par M. Robin.

De son coté, Sud-Ouest reçut le 25 mai 1946, le contrat concernant les études et développement de deux avions expérimentaux (les maquettes volantes SO M-1 et SO M-2) du prototype de bombardier à réaction SO-4000 et de tous les équipements associés.

Les deux constructeurs avaient adopté la même stratégie de développement consistant en une première étape d’essais en vol plané d’une maquette à échelle ½ avec les NC-271-01 et SO M-1 non motorisés, puis une deuxième étape avec des maquettes motorisées, le NC-271-02 propulsé par le moteur-fusée Walter HWK 109-509 A du Messerschmitt Me-163 et le SO M-2 équipé d’un Rolls-Royce Derwent 5, et enfin, l’étape finale consistant au développement du bombardier définitif. Cette stratégie était nécessaire pour obtenir des données aérodynamiques en l’absence de soufflerie de grande dimension.

Caractéristiques des premiers bombardiers à réaction :
Type :
NC-270
SO-4000
XB-43
XB-46
XB-48
B-47E
YB-49
XB-51
Sperrin
Valiant B-1
Date premier vol :
_
15 Mars 1951
17 mai 1946
2 avril 1947
16 octobre 1948
17 décembre 1947
21 octobre 1947
28 octobre 1949
10 Aout 1951
18 mai 1951
Dimensions :
Envergure :
21.7 mètres
17.86 mètres
21.7 mètres
34.44 mètres
33.1 mètres
35.35 mètres
52.46 mètres
16.15 mètres
33,25 mètres
34,76 mètres
Surface alaire :
77.7 m2
75 m2
?
?
123.7 m2
435 m2
372 m2
51 m2
176 m2
?
Longueur totale :
19.695 mètres
20.112 mètres
15.60 mètres
32.31 mètres
26.1 mètres
33.49 mètres
16.16 mètres
24.38 mètres
31,5 mètres
32,91 mètres
Hauteur :
6.635 mètres
5.78 mètres
7.40 mètres
8.53 mètres
8.2 mètres
8.50 mètres
4.6 mètres
5.3 mètres
?
9,78 mètres
Masses :
A vide :
13085 kg
13 920 kg
9777 kg
?
26 426 kg
36 287 kg
40 152 kg
13 419 kg
?
34400 kg
Maximale :
25 000 kg
25 360 kg
17932 kg
41277 kg
46 539 kg
79 378 kg
87 953 kg
26 974 kg
52 160 kg
79400 kg
Performances :
Vitesse max :
867 km/h
800 km/h
829 km/h
909 km/h
770 km/h
1013 km/h
793 km/h
804 km/h
907 km/h
912 km/h à 9150 mètres
Vitesse de croisière :
825 km/h
800 km/h à 9000 mètres
676 km/h
?
728 km/h
796 km/h
690 km/h
698 km/h
?
?
Plafond :
?
10 000 mètres
11735 mètres
13105 mètres
12 000 mètres
?
12400 mètres
12350 mètres
13700 m
16460 mètres
Rayon d'action :
?
?
?
?
?
2574 km
5080 km
2574 km
?
?
Distance franchissable :
3826 km
1900 km
?
?
1600 km
?
?
?
5900 km
7245 km
Motorisation :
 
2 Hispano-Suiza Nene de 2270 kgp
2 Hispano-Suiza Nene de 2270 kgp
2 General Electric J35-GE-3 de 1640 kgp chacun
4 General Electric TG-180(J35) de
6 General Electric J35-A5 de 1814 kgp chacun.
6 General Electric J47-GE-25A de
8 Allison J35-A-15 de 1701 kgp chacun
3 General Electric J47-GE-13 de 2359 kgp chacun.
4 Rolls-Royce Avon RA.7 de 4 x 3407 kgp
4 Rolls-Royce Avon RA.28 204 ou 205 de 4 x 4760 kgp
Armement :
 
5 tonnes de bombes
5 tonnes de bombes
?
9000 kg de bombes
9900 kg de bombes
9071 kg de bombes
16690 kg de bombe max.
?
Néant
Une bombe nucléaire de 4500 kg ou 9500 kg de bombe classique

 

 

Pour les constructeurs Français, les travaux Allemands parvenus jusqu’à eux était une source évidente d’inspiration particulièrement pour le SO-4000 qui ressemblaient un peu à certains travaux de Messerschmitt. Ces études allemandes permettaient d’avoir accès aux concepts les plus avancés en matière d’aérodynamisme, particulièrement sur les ailes en flèche.

Cependant, le problème le plus difficile à résoudre pour les Français était la motorisation du bombardier définitif. Les possibilités au niveau national étaient minces et se limitaient à un turboréacteur d’origine allemande, le BMW 109 018 de 3450 kg de poussée construit à un exemplaire mais qui n’avait jamais été testé, et des projets de la SNECMA et de Rateau encore sur les planches à dessin à cette époque.

Il était donc évident que les bureaux d’étude Français devraient choisir un moteur Américain ou Britannique pour leurs bombardiers à réaction. Après étude du problème, le seul réacteur acceptable pour la motorisation des prototypes était le Rolls-Royce Nene de 2270 kg de poussée.

Dans l’esprit des concepteurs et des services officiels, il s’agissait d’une solution d’intérim pour faire voler les appareils le plus tôt possible en attendant des réacteurs purement nationaux. En effet, même le Nene avait une poussée insuffisante pour atteindre les performances demandées.

Le SO-4000 avait une taille respectable pour l'époque !

Sources :

1) Docavia n° 30 : Les avions de combat Français 1946-1960 Tome II de Jean Cuny
2) Le Fana de l'aviation Hors Série n° 18 Par P. Facon
3) Vols d'essais de JC. Fayer
4) Le Fana de l'aviation n°142 à 152
et un grand merci à Pascal Delrieu pour l'aide apportée à la rédaction de ce dossier.

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