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XI. Les vols records
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Translate : in English in Spanish in German 11-7 La fin du X-15

 

 

L'accident mortel du 15 novembre 1967 condamnait le programme X-15, et pas seulement pour des raisons psychologiques. Sur trois avions de recherche, un seul restait intact : le premier (n° de série 56-6670), après la perte du n° 56-6672 bien sûr, mais aussi après la mise à la retraite prématurée du n° 56-6671 en octobre 1967. Or, si des plans, désormais caduques, avaient été tracés pour modifier le troisième X-15 et pour adapter le X-15A-2 à de nouveaux objectifs, aux fins d'accroître leur potentiel pendant encore deux ou trois ans, rien n'avait été prévu pour le premier X-15. Ce n° 56-6670 était bon pour le musée.

De surcroît dans le contexte de coupes budgétaires, la NASA préféra reporter sur des programmes nouveaux (" lifting bodies" en particulier) les 6 millions de dollars que lui coûtait chaque année le programme X-15. Le 21 janvier 1968, l'administration spatiale américaine annonça que les opérations de l'avion hypersonique se termineraient avec la fin de l'année. Bill Dana, pour la NASA, et le Major Knight pour l'USAF, réalisèrent les huit missions du X-15 en 1968 avec le seul véhicule n° 56-6670.

Le NB-52 et le HL-10

De nombreux problèmes techniques et opérationnels, liés au manque de pièces de rechanges et aux vols expérimentaux du Northrop HL-10 qui utilisait le même avion-mère NB-52B, affectèrent le déroulement de ces ultimes missions, consacrées exclusivement à des expériences scientifiques. La dernière mission (1-81-141), effectuée par Dana le 24 octobre 1968, porta à 199 le nombre total de vols du X-15 depuis le premier "lâché" du 8 juin 1959 ; c'était un record absolu pour un avion "X".

Seul le démonstrateur X-29, fera mieux, vingt ans plus tard. Pourtant, en 199 missions (soit 81 pour le X-15 n°1, 53 pour le X-15 n°2/ A2 et 65 pour le X-15 n°3), l’avion expérimental n'avait effectué que trente heures de vol libre, dont une heure et demie seulement au-delà de Mach 5 !

Le HL-10 et le X-15

 

 

La tentation "d'arrondir" à 200 le nombre de missions X-15 était grande et, au cours du dernier trimestre 1968, les techniciens s'acharnèrent, sans succès, vers ce but plus symbolique qu'autre chose. De report en report, on arriva au 20 décembre mais, là encore, il fallut ajourner le vol, à cause de fa météo ; il neigeait sur Edwards ! Le coeur serré, le personnel désolidarisa leX-15 du NB-52 et rentra l'avion expérimental pour la dernière fois dans son hangar. Peu après, le n° 56-6670 quitta Edwards pour rejoindre le National Air and Space Muséum de la Smithsonian Institution, à Washington D.C. Ce X-15 y occupe une place à la hauteur de sa légende, dans la galerie des avions mythiques, entre le " Spirit of St Louis " et le Bell X-1 !

Les hommes méritaient aussi d'être fêtés. En décembre 1968, la société d'aéronautique et d'astronautique d'Allemagne fédérale décerna à John V. Becker une récompense parfaitement adaptée ; la médaille "Eugene Sanger".

Sanger, avait été le premier théoricien des avions spatiaux, père du bombardier antipodal des années 30 et 40, était mort en 1964, dix ans après que Becker et le groupe d'étude de Langley eussent établi la faisabilité du véhicule X-15, Dans son discours de remerciement, Becker déclara que le " programme X-15 a été le premier effort important des Etats-Unis pour développer la technologie nécessaire aux vois aérospatiaux habités". Cet effort devait, une décennie plus tard, porter ses fruits, avec la mise en service de la navette spatiale. Il est impossible de dresser un bilan exhaustif du programme X-15, pour trois raisons.

Le bombardier antipodal de Sanger

D'abord, l'énormité de la tâche. En dix ans, le véhicule de recherche généra plus de 760 documents techniques et occupa l'équivalent d'un centre de recherche de 4000 personnes pendant deux ans à temps plein ! Ensuite, l'essentiel des enseignements contenus dans cette littérature technique ne sont compréhensibles que par les rares spécialistes, ceux là mêmes qui créèrent la navette spatiale ou qui réfléchissent aujourd'hui aux avions spatiaux du siècle prochain. Enfin, à l'image du Bell X-1 qui stimula, pour la recherche supersonique, le développement de méthodes de calcul et de techniques de simulation réalistes, le X-15 eut des conséquences similaires dans le domaine hypersonique.

Ravitaillement en H2O2 du X-15

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